Jusqu’au début du XXe siècle, l’industrie horlogère était principalement constituée d’entreprises et de manufactures qui travaillaient chacune dans leur coin, indépendamment les unes des autres. Mais le nouveau siècle a drainé son lot de crises économiques, et ces crises ont poussé les firmes horlogères (notamment suisses) à se regrouper pour mieux affronter les difficultés et faire face à la concurrence. Ces groupes horlogers sont, aujourd’hui, les principaux leaders du secteur des montres.

Des groupes horlogers pour mieux affronter les difficultés

En matière d’économie comme ailleurs, l’union fait la force. Dès les premières décennies du XXe siècle, les entreprises d’horlogerie le comprennent bien. Surtout lorsque la crise de 1929, démarrée aux États-Unis, se transforme en une Grande Dépression qui inonde l’économie planétaire, et jusqu’aux charmantes et calmes vallées du Jura où l’industrie horlogère s’est installée.

Les fabricants de montres sont trop petits, trop faibles, trop dispersés. La crise les frappe de plein fouet, menaçant sérieusement leur survie ; elles répondent par un dumping social douloureux, leur seule et unique arme pour lutter contre l’invisible ennemi. Dans la tourmente, la Confédération et les principaux établissements bancaires créent l’ASUAG en 1931, ou Société générale de l’industrie horlogère suisse : une société holding qui regroupe plusieurs fabricants de pièces et d’ébauches, ainsi que des marques emblématiques (dont Hamilton, Longines, Mido et Rado).

L’ASUAG n’est pas exactement le premier exemple de groupe d’horlogerie. En 1925, la marque Omega subit encore les conséquences économiques du conflit mondial et se laisse engluer dans une série de mouvements sociaux internes qui plombent les comptes de la manufacture. Pour rebondir, Omega s’associe avec Tissot et relance ainsi la machine. Les deux marques créeront ensemble, quelques années plus tard, la holding SSIH (Société suisse pour l’industrie horlogère), vouée à s’agrandir. L’ASUAG ne viendra qu’après ce coup d’essai, mais en imposant un groupe horloger d’une toute autre ampleur.

Ce modèle sert de base au grand regroupement des années 80. Confrontés à une nouvelle crise (celle dite « du quartz ») et menacés d’extinction par le déferlement des montres électroniques en provenance du Japon, l’ASUAG et la SSIH s’allient pour former un vaste ensemble : la SMH (Société de microélectronique et d’horlogerie, en 1983, grâce aux efforts consentis par les banques. Ce groupe horloger prendra en 1998 le nom – plus connu aujourd’hui – de Swatch Group.

Des conglomérats puissants dans le secteur du luxe

Toutefois, les groupes d’horlogerie ne se forment pas qu’à la faveur des crises et des difficultés du secteur. La tendance, plus récente, est au rachat des manufactures et des marques par des groupes plus puissants, généralement positionnés sur le segment du luxe. Depuis les années 90, on assiste ainsi à des acquisitions de marques de montres par des conglomérats comme LVMH, Kering (ex-PPR) ou Richemont. Des groupes horlogers qui se constituent non plus en période de marasme, mais au contraire sur fond de bonne santé économique.

Comment expliquer cette tendance ? Il faut, pour cela, comprendre que l’industrie horlogère s’est scindée en deux autour des années 90/2000, entre la consommation de masse d’un côté et la production de prestige de l’autre. Pour survivre à l’ère des montres bon marché, les marques haut de gamme (notamment suisses) se sont repositionnées afin d’occuper résolument le segment du luxe, proposant des modèles allant de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Ainsi, les marques les plus prestigieuses du secteur sont devenues, en peu d’années, des appuis stratégiques pour les grands groupes du luxe qui souhaitaient glisser un pied dans le bain horloger. De sorte que les conglomérats comme LVMH ou Richemont se sont offerts des marques importantes (De Beers, TAG Heuer ou Zenith pour le premier ; Cartier, Jaeger-LeCoultre ouVacheron Constantin pour le second) afin d’intégrer ce secteur très prisé en entrant par la grande porte.

Après tout, produire des montres haut de gamme, c’est bon pour l’image de marque. C’est pourquoi les groupes horlogers, dédiés uniquement à cet art, se partagent le marché avec des entités plus hétérogènes mais tout aussi imposantes dans le secteur de l’horlogerie.

Les groupes d’horlogerie les plus emblématiques et leurs marques de montres

Parmi les groupes horlogers les plus réputés, citons :

  • Festina Lotus S.A. – un groupe spécialisé dans les montres d’entrée de gamme, qui réunit les marques Calypso, Candino, Festina, Jaguar et Lotus Watches.
  • Rolex – la marque de montre la plus célèbre, lancée par Hans Wilsdorf, forme un mini groupe horloger avec Tudor.
  • Swatch Group – fondé en 1983 à partir de l’ASUAG et de la SSIH par Nicolas Hayek, sous le nom de SMH. Sa marque emblématique n’est autre que Swatch, la montre suisse à prix abordable qui a révolutionné l’industrie horlogère. Autres marques : Blancpain, Breguet, Hamilton, Jaquet Droz, Longines, Mido, Omega, Pierre Balmain, Tiffany, Tissot…

Parmi les groupes de luxe possédant des marques de montres emblématiques :

 

  • Kering – l’ex-PPR possède les marques Boucheron, Gucci, Yves Saint-Laurent, Girard Perregaux et JeanRichard.

  • LVMH – c’est le premier groupe de luxe au monde et il est français. LVMH regroupe, dans le domaine de l’horlogerie, les marques Chaumet, De Beers, Dior, Fred, Louis Vuitton, TAG Heuer et Zenith.

  • Richemont – fondé en 1988 par Johann Rupert. Parmi les marques de montres les plus importantes du groupe, citons Baume & Mercier, Cartier, Jaeger-LeCoultre, Montblanc, Piaget et Vacheron Constantin.

Après les groupes d’horlogerie, partez également à la découverte des manufactures de montres, des marques de montres, et de l’industrie horlogère !