Édifiée à l’extrémité ouest du lac Léman, Genève se présente comme une véritable « ville mondiale », eu égard à son rôle à la fois économique et politique. Mais la 2e commune la plus peuplée de Suisse est également le berceau de l’horlogerie de luxe, qui a vu le jour au milieu du XVIe siècle et n’a plus jamais quitté l’arc jurassien. Suivez-nous au cœur de cette ville où le Temps lui-même semble avoir élu domicile.

Une « ville mondiale » et intemporelle

Avec ses 200 000 habitants, son emplacement géographique privilégié (aux abords du lac Léman et à quelques kilomètres de la France) et son célèbre jet d’eau culminant à 140 mètres de hauteur, Genève fait office de ville idéale. Elle est d’ailleurs connue pour offrir l’une des meilleures qualités de vie au monde – une qualité qui vaut son pesant d’or, Genève étant également réputée pour son niveau de vie élevé.

Mais plus qu’une ville proprement suisse, Genève est une « ville mondiale », au sens où elle endosse un rôle politique et économique d’importance internationale : 2e place financière helvétique après Zurich, la ville de Genève est celle qui accueille le plus grand nombre d’organisations internationales (siège européen des Nations unies, Comité international de la Croix-Rouge, OMC, OMS, CERN et plus de 250 ONG). Une position somme toute logique, pour une cité qui a été – et qui reste encore – le centre du monde dans un autre domaine phare : l’horlogerie de luxe.

La place de l’horlogerie à Genève

Il faut remonter au milieu du XVIe siècle pour assister à la naissance de l’industrie horlogère genevoise. À cette époque, la commune bénéficie de l’affluence des protestants français et italiens, fuyant les persécutions religieuses, qui viennent lui donner un nouveau dynamisme, notamment dans les domaines de la soierie, de la dorure et de l’horlogerie.

Jean Calvin, qui reçoit favorablement ces réfugiés huguenots, est indirectement à l’origine de l’expansion de l’horlogerie dans la ville. Soucieux d’étendre son désir d’austérité à tous, il fait interdire le port d’objets décoratifs en guise de bijoux, ne voyant là qu’accessoires de séduction superflus. C’est cette décision qui pousse les orfèvres, mis au chômage forcé, à se reconvertir dans l’horlogerie : ils garnissent alors les boîtiers des montres de pierres précieuses, fabricant des objets qui échappent à l’ire calviniste. Cet exode professionnel marque la naissance de l’horlogerie de luxe dans la ville.

À partir de Genève, l’horlogerie helvétique se développe dans la totalité de l’arc jurassien jusqu’à Schaffhouse, tout au long du siècle suivant. La révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685, près de quatre-vingt-dix ans après l’acte de tolérance consenti par Henri IV, accélère l’arrivée dans la région des huguenots fuyant la France. Parmi eux, les artisans trouvent là des ouvriers qui montrent toutes les qualités indispensables à la fabrication des horloges – patience et minutie, droiture et persévérance, des vertus favorisées par l’expansion de la Réforme. L’horlogerie à Genève bénéficie naturellement de cette rencontre de talents.

Une cité qui vit au rythme de l’horlogerie

L’horlogerie à Genève n’est toutefois pas qu’un vague héritage que l’on explore seulement dans les livres d’histoire. Non, ce domaine est bel et bien vivant, et cette cité internationale, « ville mondiale », a un cœur qui continue de battre au rythme d’une montre (suisse). Le meilleur symbole en est sans doute l’Horloge fleurie, un cadran décoratif entièrement composé de fleurs, visible dans le Jardin anglais depuis sa création en 1955 par le Service des parcs et promenades de la ville : une expression vivace du passé de Genève, autant que du goût très actuel de ses habitants pour le bel ouvrage.

D’autres monuments confirment la dimension horlogère de la métropole : son Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie, qui expose des modèles de montres fabriqués en Suisse et dans toute l’Europe. Son Musée Patek Philippe, fondé par le président de l’entreprise, Philippe Stern, en 1989, après le succès rencontré par la présentation de quelques 500 modèles de la maison à l’occasion de son 150e anniversaire. Ou bien encore la Cité du Temps, portion d’un bâtiment de 1840 racheté par Swatch Group en 2005 pour en faire un lieu d’exposition permanent, aussi bien pour la marque que pour d’autres créations horlogères mondiales.

Outre les grandes marques de l’horlogerie suisse qui ont leur siège social à Genève (Alpina, Baume & Mercier, Chopard, Patek Philippe, Piaget, le groupe Richemont, Rolex, Vacheron Constantin – rien que ça !), la ville compte une énorme quantité de boutiques de montres de luxe, notamment le long de la rue du Rhône – les Champs-Élysées locaux. Ainsi que deux écoles consacrées à cet art : l’École d’horlogerie de Genève, institution publique fondée en 1824. Et le CFH (Centre de formation dans le domaine de l’horlogerie), qui se trouve très exactement à Plan-les-Ouates, dans la banlieue immédiate de Genève.

Enfin, la ville accueille également, chaque année, le Salon de la haute horlogerie. Un événement très privé qui, depuis bientôt trente ans, regroupe les professionnels du secteur dans ce qui fut, est, et restera, le pivot central de l’horlogerie de luxe.